La Repentie

Laetitia et moi, on s'est rencontrées pour faire un film. On n'a pas fait un film parce qu'on s'était rencontrées et qu'on se connaissait déjà. On peut dire maintenant qu'on se connaît … mais à peine. Pourtant, Laetitia me connaît comme presque personne.
Alors qu'elle ne savait rien de moi, -elle ne lit pas la presse people, elle ne s'intéresse pas aux stars, à leur réputation, à leur carrière-, elle a su tout de suite que je ne faisais rien comme les autres. Alors, elle ne m'a rien fait faire comme les autres dans son film.
Elle savait que je ne suivais pas les lois, que j'avais ma loi, qui est d'une autre nature, mais qui n'est pas contre-nature. Alors, mon personnage n'a aucune loi.
“Aucun homme ne la retient, ni ne l'arrête". C'est Laetitia qui le dit, qui le filme, et c'est moi qui y est.
De mon personnage, ce double, Laetitia m'a dit: "Elle n'est pas née comme les autres, du bon coté. Elle n'assume pas ses origines parce que la société les méprise. Elle pense qu'elle ne vaut rien … parce qu'elle est sans frontières ". Ce parcours, je le reconnais. Et si on le suit jusqu'au bout, il rend souveraine. L'histoire de “La repentie”, c'est l'histoire d'une femme qui peut enfin passer, grâce à l'amour, du repentir à la vie. Parce qu'avant, elle avait vécu, mais pas aimé.
C'est là que la comparaison vacille.
Moi, j'avais aimé, mais pas vécu.
Maintenant, je suis du côté de la vie, du bon côté de la vie et du cinéma, là où on n'a plus besoin de choisir entre soi et les autres. Là où on est bien, là où on est soi-même. Là où ceux qui vous aiment vraiment n'ont de cesse de vous laisser vivre, de vous faire tourner et de vous rendre à vous même.
Bye-bye les gremlins.
Bonjour Laetitia.
Bonjour Michèle.
Signé,

Isabelle

Ce film est l'histoire d'un coup de foudre.
Et pourtant, ça commençait mal.
Sandrine Kiberlain et moi avions décidé de faire une pause dans notre travail commun, prendre des vacances pour mieux se retrouver ensuite.
Je n'imaginais pas filmer une autre actrice.
J'ai commencé à écrire une histoire pour un homme.
Peu de temps après, des producteurs m'ont envoyé un livre à adapter pour une star.
Je ne voulais pas adapter de livre, les producteurs me faisaient peur, les stars ne m'intéressaient pas.
J'ai lu le livre.
Je ne l'ai pas aimé.
Les producteurs ont insisté.
Leur insistance m'a plu.
J'ai rencontré la star.
Et j'ai tout oublié.
En une heure, j'étais envoûtée.
Tout en elle m'inspirait.
Son visage, son corps, ses mots. Sa réalité.
J'ai vu le film que nous pouvions faire ensemble.
J'ai senti qu'il y avait suffisamment de désir de son côté et du mien pour que ce ne soit pas "un coup", mais une vraie histoire. Donc un film. Donc du cinéma.

Ensuite il fallait un homme, parce qu'Isabelle inspire les histoires d'amour, et que je ne sais écrire que ça.
Qui en face d'elle ?
Qui assez fort ?
Comme dans la vie la recherche du prince charmant a été longue et difficile ...
Mais il a fini par arriver.
Sami Frey était le seul : prince sans aucun doute, charmant évidemment et d'un mystère aussi spectaculaire que celui d'Isabelle.
Les producteurs ont joué leur rôle (ils ne sont pas nombreux à savoir le faire) comme à Hollywood dans ses meilleurs moments.
Présents sur tous les fronts, combattant pour le film, contre les sceptiques, contre les peureux, parfois contre moi et parfois contre eux-même, preuves de leurs convictions et de leur ouverture d'esprit.
Nous avons tous tenu au film et le film nous a tenus.
Il est ce qu'il devait être, ce que j'avais imaginé.
En mieux.

Laetitia Masson

Ce film est l'histoire d'une amitié.
Et puis d'une autre.
Isabelle est plus qu'une amie : une sœur de cœur.
Elle est aussi l'actrice que l'on sait.
Mais le désir de jouer l'avait désertée.
Et j'avais beau lui jurer que ce désir était endormi, mais pas évanoui, elle avait du mal à me croire.
Alors, j'ai tenté de la convaincre.
Avec Laurent, on a cherché, cherché …. et puis trouvé.
Un début d'histoire, une femme dans une gare, qui prend le premier train pour la mer.
Une femme qui se repent. De qui, de quoi, pourquoi ?
Qui pourrait inventer cette histoire ?
Avec Isabelle, on a cherché, cherché … et puis trouvé.
Une femme qui ressemble à ses films : romanesque, lyrique, pudique, inspirée.
Inspirée par Isabelle, Laetitia a écrit sur elle, pour elle.
Elle a écrit ce qu'elle ressentait, ce qu'elle devinait. Elle a imaginé le reste.
Une rencontre comme on en rêve.
Des personnages qu'on n'oublie pas.
Le désir d'Isabelle s'est réveillé.
Une autre amitié a vu le jour.
Laetitia et moi, on a rit souvent, pleuré parfois, donné beaucoup.
Chacune a toujours été là pour l'autre, et Isabelle pour nous deux.
Aujourd'hui "La repentie" existe.
Merci mes deux amies.

Michèle Halberstadt